Depuis une vingtaine d’années, l’irruption des sangliers va jusqu’à inquiéter les habitants des villes au point de susciter des « battues administratives » qui autorisent les chasseurs (bénévoles) à utiliser leurs fusils en zone urbaine. Nouvelle, cette intrusion de la nature sauvage interroge les ancestrales pratiques de chasse dont un des buts est de maîtriser le développement de la faune, les nuisibles et le gibier. L’étroit cadre d’une association communale de chasse permet de comprendre de l’intérieur, l’établissement d’intenses relations avec la nature, l’identification aux animaux sauvages, la recherche de leurs traces, des indices sur leurs vies et leurs conduites par la connaissance de chaque mètre de la forêt. Par la proximité des chasseurs et des lieux de leurs activités, par d’intenses relations avec la nature, il devient possible de comprendre tant les animaux sauvages que ceux qui se consacrent à gérer leur nombre et leurs dégâts.
Bernard Traimond est professeur émérite d’anthropologie à l’Université de Bordeaux, membre correspondant de la Real Academia de Ciencias Morales y Politicas de Madrid, Bernard Traimond dirige avec Éric Chauvier, la collection « Des mondes ordinaires » chez Le Bord de l’eau.