Les Pèrè du Cameroun, qui ont vécu pendant plusieurs siècles en retrait dans un massif montagneux pour fuir les razzias des marchands d’esclaves, constituent aujourd’hui le seul groupement social du haut bassin de la Bénoué à avoir conservé à l’état originaire leur système de parenté matrilinéaire.
La description de cet ordre parental fait apparaître qu’à la différence des patrilinéaires, les matrilinéaires séparent dans leur alliance matrimoniale la sexualité de la procréation. Cette dissociation induit sur le plan de la filiation un dédoublement des fonctions paternelles entre l’oncle maternel unificateur, représentant de la loi du groupe, et le père séparateur garant de la loi des échanges. C’est autour de ces lois que s’organisent la vie quotidienne et les rites thérapeutiques des Pèrè.
D’où la question pour nous : avec le développement des moyens contraceptifs qui ont parachevé dans les années 1970 la séparation de la sexualité et de la procréation, comment la fonction paternelle a-t-elle changé de loi ?