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Disparition de Alban Bensa

    Les membres du Bistrot des ethnologues souhaitent exprimer leur émotion après le décès d’Alban Bensa et toute l’estime qu’ils portent à son œuvre anthropologique. Son travail a été pour beaucoup d’anthropologues, mais pas seulement, un outil formidable pour penser le monde social et politique et renouveler une discipline en introduisant des approches et des analyses qui ont bousculé certaines habitudes académiques, prisonnières de points de vue qui se voulaient protecteurs d’une discipline mais qui n’étaient que des écrans et des obstacles à son déploiement. Les travaux d’Alban Bensa ont contribué notamment à libérer l’anthropologie du carcan des approches culturalistes et identitaires pour revenir, selon ses mots, « à une entreprise à taille humaine soucieuse de comprendre l’autre et non de l’étiqueter. » Démarche corroborée par l’ouvrage Les sanglots de l’aigle pêcheur co-écrit avec Kacué Yvon Goromoedo et Adrian Muckle qu’il était venu nous présenter lors de sa dernière intervention au Bistrot des Ethnologues en octobre 2016. Il racontait à quel point il avait lui-même été dupé par les approches classiques de l’anthropologie (focalisées dans les années 1970 sur la tradition orale et les mythes). Ce n’est que bien plus tard qu’il est revenu sur ces récits (capitalisés par quelques lettrés Kanaks dans des cahiers) pour en saisir toute leur portée historique. Relatant la révolte de 1917 menée par les Kanaks s’opposant à l’enrôlement des leurs dans la 1ère guerre mondiale, ils se sont avérés une précieuse information sur une forme de riposte à l’oppression coloniale française. Il aimait à rappeler qu’il n’y avait pas de séparation hermétique entre le sujet du savoir et son objet et entre l’homme et son environnement.
    A (ré)écouter sur le Bistrot des ethnologues:
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