Cet ouvrage fait le récit d’un premier contact, hors du commun, entre des colons occidentaux et les membres d’une société aborigène située dans le Désert de l’Ouest, une étendue aussi gigantesque que peu accueillante au cœur du continent austral. Ce contact eut lieu il y a à peine plus de cinquante ans, en 1956. Les récits et archives abondent, les témoignages oraux existent et, surtout, les autochtones qui ont vu et vécu l’arrivée du premier Blanc vivent encore et en parlent. Les acteurs ont dû se confronter à un type de colonialisme particulier puisque les Britanniques et les Australiens entreprirent d’investir le cœur du Désert de l’Ouest pour y effectuer d’abord des explosions nucléaires, puis des lancements de missiles balistiques. Les termes « mythes », « missiles » et « cannibales » résument ainsi les représentations et les objectifs occidentaux qui ont motivé et orienté cette rencontre culturelle : une Australie espérée identique à l’Europe, des objectifs géostratégiques qui font disparaître les réalités du terrain et des Aborigènes qui sont placés au bas de l’échelle sociale. En passant par l’analyse des notions de « premier contact », de « tribu perdue » et de « présent ethnographique », tout en les situant dans le contexte australien, ce livre discute les mythes qui ont accompagné la découverte occidentale de l’Australie, puis du centre du continent, afin de mieux comprendre les politiques de ségrégation d’abord et d’assimilation ensuite qui ont dominé les rencontres culturelles dans le Désert de l’Ouest. Il fait ensuite l’analyse critique du contexte dans lequel la culture est devenue pour les Aborigènes un objet de revendication politique qui finit par porter ses fruits dans le cadre des exigences de restitutions foncières.
Laurent Dousset est un anthropologue français, spécialiste des sociétés aborigènes d’Australie et du Vanuatu. A la suite de ses terrains dans ces sociétés, il s’est intéressé aux notions et phénomènes d’incertitude, de confiance et de crise sociale dans les communautés humaines qu’il analyse comme des moments de hiérarchisation des valeurs sociales fondamentales.
Il est directeur d’études à l’EHESS et membre du CREDO.
Conférence |
:38 | 2013