Presque tout le monde a reçu ce mail : on vous propose de toucher l’héritage (quelques centaines de milliers d’euros) d’une expatriée en fin de vie pour peu que vous fassiez une avance de frais sur la transaction. Il finit généralement à la poubelle.
Mais l’historienne Nahema Hanafi y a reconnu une forme nouvelle d’escroquerie ancienne et a choisi de mener l’enquête autour de cette malversation. L’arnaque « à la nigériane » provient de pays d’Afrique de l’Ouest, et elle est le fait de cyber-escrocs nommés les « brouteurs ».
En décortiquant au plus près ces messages avec autant d’empathie que d’espièglerie, elle identifie là une forme de banditisme social, une capacité de subvertir les rapports d’inégalité du monde postcolonial, signe aussi d’une émancipation du désir d’Europe.
Nahema Hanafi est maîtresse de conférences en histoire moderne et contemporaine à l’université d’Angers. Elle s’intéresse à l’histoire de la médecine et du genre, ainsi qu’aux pouvoirs de l’écrit.